Le deuxième congrès national sur le recyclage des plastiques, qui s’est tenu le 17 mai au stade Cívitas Metropolitano de Madrid et auquel ont participé 410 professionnels, a confirmé les atouts du secteur espagnol. Malgré la diminution de la consommation de plastiques recyclés en 2022 en raison du faible prix des plastiques vierges, l’industrie nationale est consciente des atouts dont elle dispose pour relever les défis actuels et futurs.
Au cours de l’événement, organisé par Anarpla et présenté par la journaliste Ángeles Blanco, plusieurs intervenants ont mis en garde contre les conséquences qu’auront sur l’activité les nouvelles réglementations légales telles que le décret royal 1055/2022 sur les emballages et les déchets d’emballages, la loi 7/2022 sur les déchets et les sols contaminés pour une économie circulaire ou le futur règlement européen sur les emballages et les déchets d’emballages.
En ce qui concerne les réglementations nationales, leur entrée en vigueur a entraîné une augmentation de la bureaucratie et une duplication des tâches qui, dans de nombreux cas, a rendu nécessaire l’embauche de nouveaux employés se consacrant exclusivement à la saisie de données, comme le regrette la directrice des opérations de MANC Recyclaplast, Lidia Navarro, qui a exhorté les administrations publiques à simplifier ces tâches, en évitant les duplications qui nuisent à l’efficacité des entreprises.
En ce qui concerne la prolifération des systèmes collectifs de responsabilité élargie des producteurs (SCREP), Mme Navarro a déclaré qu' »ils poussent comme des champignons », ajoutant qu’elle espérait que leur développement ne compromettrait pas la libre concurrence.
César Alonso, PDG de Plásticos Alser, a regretté que l’éco-conception n’ait pas été prise en compte au cours des dernières décennies, ce qui entrave à la fois la réutilisation et le recyclage des plastiques. M. Alonso a donné l’exemple des plastiques utilisés dans l’industrie automobile, qui comprennent souvent plusieurs matériaux. Il s’est toutefois montré confiant quant à l’augmentation prévisible de la demande de plastiques recyclés dans ce secteur, étant donné que les principaux constructeurs automobiles évaluent l’inclusion de ce type de matière première secondaire dans leurs véhicules. M. Alonso a lancé un message optimiste en prédisant que « l’avenir du secteur est positif ».
Navarro et Alonso ont tous deux participé à la deuxième table ronde de l’événement. Dans ce bloc, l’associé gérant d’Inserplasa, Juanjo Sánchez, a résumé les changements survenus dans le recyclage du plastique qui, en Espagne, est passé d’une multitude de tâches manuelles à l’utilisation de techniques, d’équipements et de technologies modernes qui ont permis d’augmenter l’efficacité du processus qui, cependant, continue à avoir comme principale préoccupation le coût de l’énergie.
Le directeur de Saica Natur Cycle Plus, Luis Pellejer, a déclaré que le secteur est plongé dans un processus de transformation en raison du passage d’un modèle de production linéaire à un modèle de production circulaire, ce qui ouvre de grandes opportunités pour l’ensemble de la chaîne de valeur du recyclage des plastiques. Étant donné que les règlements approuvés et en cours d’élaboration fixent » des délais et des objectifs très ambitieux « , M. Pellejer s’est prononcé en faveur de la stabilité du cadre juridique et de l’établissement de règles du jeu qui puissent être acceptées par le secteur et la société.
En ce qui concerne la taxe approuvée pour les emballages à usage unique, M. Pellejer s’est distancié de plusieurs des plaintes formulées par certains participants au congrès, soulignant que l’impact sur l’activité a été faible. Il a regretté que la nouvelle taxe n’ait pas créé une plus grande demande de plastique recyclé et a souligné que la limitation technique (quantité/qualité) n’a pas encore été surmontée et qu’il est donc nécessaire d’augmenter les investissements en R+D+i qui sont déjà réalisés.
Le directeur général de Clear Pet, Francisco Ruiz Quílez, a déclaré que les entreprises qui font partie de la chaîne de valeur du recyclage des plastiques doivent gérer, d’une part, les attentes des clients et, d’autre part, les incertitudes générées par les nouvelles réglementations légales, qui – a-t-il proposé – doivent établir des pourcentages minimums pour l’utilisation de plastiques recyclés.
L’ensemble de la chaîne de valeur représentée
Le congrès, qui a débuté avec un léger retard, a commencé par le discours inaugural du président d’Anarpla, David Eslava, qui a souligné la nécessité d’établir un marché stable pour les plastiques recyclés qui ne soit pas lié aux prix du plastique vierge. Il a également défendu l’établissement de teneurs minimales obligatoires en plastiques recyclés afin d’en encourager la demande et a préconisé la mise en place de mesures visant à promouvoir les marchés publics écologiques.
M. Eslava a souligné qu’en 2021, l’Espagne était le deuxième pays d’Europe en termes de capacité de recyclage des plastiques. Malgré ces bonnes données, le président d’Anarpla a attiré l’attention sur le ralentissement du recyclage, qui a augmenté de 20 % cette année-là pour le faire à un rythme beaucoup plus lent en 2022, année au cours de laquelle l’augmentation a été de 2,9 %. Le président d’Anarpla a également appelé à une harmonisation de la législation au niveau européen afin d’éviter les déséquilibres entre les différents pays de l’UE.
Après lui, Margarita Ruiz-Aja, directrice générale adjointe de l’économie circulaire au ministère de la transition écologique et du défi démographique, a été chargée de s’adresser à l’auditoire. Dans son discours, elle a déclaré que le modèle linéaire actuel de l’économie ne pouvait pas être maintenu et qu’elle était en faveur d’un changement du modèle de gestion des déchets afin d’en augmenter l’efficacité.
Mme Ruia-Aja a rappelé qu’en 2020, dernière année pour laquelle des données officielles sont disponibles, 106 millions de tonnes de déchets ont été gérées en Espagne, dont 86 millions de tonnes ont été traitées, les 45 % restants étant mis en décharge ou valorisés sous forme d’énergie. En ce qui concerne les déchets municipaux, 40 % du total a été recyclé, bien que seulement 20 % de la quantité collectée ait fait l’objet d’une collecte sélective. Pour les emballages plastiques, 41 % ont été recyclés. Ce tableau a permis à la directrice générale adjointe de l’économie circulaire de souligner que « nous ne sommes pas dans une bonne situation, pas plus qu’au niveau européen », une circonstance qui, a-t-elle proposé, rend d’autant plus nécessaire « de travailler ensemble pour améliorer les résultats ».
Le conseiller technique de la sous-direction générale de l’économie circulaire de Miteco, Pablo Rodríguez Porras, a passé en revue les objectifs, les délais et les mesures qui sont en train d’être négociés au sein de l’Union européenne sur la proposition de nouveau règlement sur les emballages, qui prône la prévention de la production de déchets, la promotion de l’éco-conception, de la réutilisation et du recyclage, et défend un pourcentage minimum de plastiques recyclés.
Après l’intervention du directeur général de Plastics Recyclers Europe, Anotnino Furfari, sa collègue du collectif continental, Mireia Boada, Project Manager de Plastics Recyclers Europe, a souligné, entre autres aspects, que des travaux sont actuellement menés sur le calcul de la traçabilité du plastique recyclé.
La conférence s’est poursuivie avec la présentation du conseiller technique d’Anarpla, José María Alegre (qui, au cours de son intervention intitulée « Que nous apprennent les derniers chiffres sur le recyclage des plastiques en Espagne », a demandé à plusieurs reprises aux membres d’Anarpla et à tous les acteurs de la chaîne de valeur de lui envoyer des données afin d’évaluer plus précisément l’évolution des principales grandeurs du secteur), qui a passé en revue certaines des tendances observées ces dernières années dans le domaine du recyclage des plastiques.
Après son discours et la pause pour une collation matinale, le bloc » Guide pour l’achat vert et la promotion des produits en plastique recyclé » a commencé, avec la participation de Claudia García Yustos, associée fondatrice d’AD Impulsa ; Alicia Martín Rodríguez, directrice générale de Plastics Europe Région Ibérique, et Óscar Hernández Basanta, directeur général d’Anarpla.
Parmi les intervenants qui ont également participé à la conférence, citons David Eslava, qui s’est adressé aux participants en sa qualité d’assistant de la direction d’Eslava Plásticos ; Paqui García Salas, directeur administratif et financier d’Interval Plásticos ; Natalia Campos, PDG d’Enplast ; Jean Henin, président-directeur général de Pellenc ST ; Yolanda Fernández, directrice de la responsabilité sociale des entreprises et de la communication externe d’Alcampo, et Nicolás Fuentes, directeur des affaires publiques de Neste.
Sonia Albein, chef du groupe de recyclage mécanique d’Aimplas, a expliqué en détail le Guide pour l’incorporation d’un système de gestion compatible avec le nouvel arrêté ministériel sur la fin du statut de déchet pour les déchets plastiques traités mécaniquement dans les installations de recyclage du plastique.
L’événement a été clôturé par le directeur général d’Anarpla, Óscar Fernández, qui a commencé son discours d’adieu en soulignant que grâce au recyclage du plastique, plus de 2,11 millions de tonnes deCO2 ont cessé d’être émises dans l’atmosphère, une étape dont il a tenu l’ensemble de la chaîne de valeur pour responsable. Il a remercié les recycleurs pour leurs efforts, mais aussi les fabricants et les transformateurs qui se sont engagés à utiliser du plastique recyclé. Il a également souligné le travail des administrations qui promeuvent l’économie circulaire, des citoyens qui collaborent en séparant les déchets, facilitant ainsi la collecte sélective, des conditionneurs qui utilisent des emballages recyclables, des fabricants de machines, ainsi que des instituts technologiques et des organismes de certification.
